Je m'appelle Estelle et j'ai 17 ans. un âge qui sonne creu. dans la vie, j'essaie d'oublier que je suis juste avant. juste avant oui, je sais, je sens que quelque chose se termine, et que j'y suis, aussi, et je voudrais me laisser aller, prendre le temps et figer les instantannés dans ma tête, mais aussi me rappeler de ce que je vis aujourd'hui. le lycée trop bien rangé, les sourires qu'on y met. les sandwich sur les chaudes dalles de pierre d'un passage fleuri de la rue oberkampf. les cafés en terrasse. le chocolat bon marché de chez l'épicier. les pièces au fond des poches, les réponses soufflées au bout d'une rangée. les décéptions. le petits mensonges. les jalousies. les matins d'octobre. les premières victoires. les anniversaires surprises. les cours de bio. les nouveaux visages, ceux qu'on découvre. les regards complices. tous les beaux livres. se facher pour de faux, s'engueuler avec le rire dans les yeux. raler, aussi. et retourner en enfance. jouer à être adulte. et l'année qui a filé entre les doigts. l'été arrivé.

je me demande qui je suis, je me cherche. ce que je sais, ce dont je suis sûre, c'est que jamais je ne me laisserai abattre. je veux tant de choses, je veux surprendre, je veux qu'on me captive. je veux réussir, aller loin, oui. j'ai des rêves qui m'aident à avancer. des gens qui croient en moi. je ne laisserai rien passer, rien. je veux et je vais me mettre à courir, mais je regarderai le paysage, je lui parlerai et je l'aimerai.